Pourquoi le mépris de la SFFF est une affaire de trolls

Si vous appréciez la SFFF, quel que soit le support, vous avez forcément déjà vu passer des articles qui nous disaient, fièrement drapés dans leur snobisme, que les genres qui composent le domaine sont, en substance, de la merde sans génie, de la sous-culture (voire de la non-culture), bref, un domaine juste bon pour les gamins attardés. Dans le secteur qui nous intéresse le plus par ici, ce sera de la littérature sans intérêt, avec des auteurs qui n’ont ni talent ni génie, sinon celui de faire de l’argent. On se  souvient notamment, par exemple, de cette tribune qui crachait allègrement sur le travail de Terry Pratchett peu après sa mort (tribune dont l’auteur avoue dès le départ ne jamais avoir lu le moindre Pratchett, ça commençait bien).

Selon moi, tout ça n’est qu’une affaire de trolls avides d’avoir leur petit moment de gloire sur Internet en provoquant de façon voulue et éhontée les amateurs du genre. Et ça marche parce qu’on court droit dedans (je ne m’exclus pas du lot, bien au contraire…). Finalement, c’est un snobisme bien français que de vouloir hiérarchiser les arts et différencier ce qui est sérieux, nécessaire, de ce qui ne l’est pas. Et c’est un snobisme qui, non content de mépriser tout un domaine créatif, méprise tout simplement notre Histoire et notre culture, parce que la SFFF a existé de tous temps.

Les genres de la SFFF sont en effet, selon moi, les genres « primordiaux », les premiers à avoir existé. Que sont nos anciens mythes, nos contes oraux, nos légendes, nos actuelles religions, sinon de la SFFF ? On y trouve en vrac des monstres, des Dieux, des quêtes initiatiques, de grandes métaphores sur l’Humain, des voyages entre les mondes et dans l’Univers, des situations horrifiques… Bref, TOUT y passe. Et c’est là-dessus que se sont fondées les cultures du monde. Venir nous dire que la SFFF n’est rien, c’est nous dire que toutes les cultures sur lesquelles ce monde s’est bâti ne sont rien non plus et que l’être humain n’a jamais été autre chose qu’un pragmatique bourré de cynisme, incapable de rêver et d’imaginer, qui sont des activités réservées aux enfants.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, en plus de trouver ça bien méprisant pour tout un domaine et ses amateurs, je trouve ce point de vue incroyablement triste et déprimant… Comme pas mal de titres français, dans tous les domaines, d’ailleurs. À croire que c’est lié…

Allez, je vais vous laisser lire cette interview de Terry Pratchett sur le blog de Patrick Rothfuss et conclure avec quelques citations pour vous faire réfléchir un peu 😉

We make up horrors to help us cope with the real ones.
Stephen King

La science-fiction est centrale dans tout ce que nous avons fait, et les gens qui se moquent des écrivains de science-fiction ne savent pas de quoi ils parlent.
Ray Bradbury

La science-fiction est la littérature la plus importante de l’histoire parce qu’elle est l’histoire des idées, l’histoire de nos civilisations naissantes.
Ray Bradbury

Tout ce qu’on rêve est fiction et tout ce qu’on accomplit est science, toute l’histoire de l’Humanité n’est rien d’autre que de la science-fiction.
Ray Bradbury

Fantasy is escapist, and that is its glory. If a soldier is imprisoned by the enemy, don’t we consider it his duty to escape ?. . . If we value the freedom of mind and soul, if we’re partisans of liberty, then it’s our plain duty to escape, and to take as many people with us as we can !
J.R.R Tolkien

PS : En théorie, ceci devrait donc être mon ultime réponse à tous ces snobinards qui se croient meilleurs que les autres. Vous avez le droit de me lapider si je transgresse ça.

5 réflexions sur “Pourquoi le mépris de la SFFF est une affaire de trolls

    1. Tout à fait ^^
      Mais là, c’est indépendant de la qualité, je parle vraiment d’un rejet massif du genre tout entier par une certaine forme « d’élite culturelle ».

      Je me souviens d’un article qui avait été titré (ça a été changé plus tard) « Oui, J.K Rowling est un véritable écrivain ! » à la sortie de Une Place à Prendre.
      Genre c’était pas le cas avec 7 volumes de Harry Potter et ce qui en était dérivé, quoi….
      Et la tribune contre Pratchett, donc, par un type qui avoue fièrement ne l’avoir même pas lu une seule fois avant de venir balancer que c’est de la merde sans intérêt.
      Et l’anecdote selon laquelle l’attachée de presse de Stephen King a dû se battre pour lui trouver un passage télé en France quand il est venu parce que personne n’en voulait. Personne ne voulait de Stephen King, quoi, on parle pas du premier auteur venu ou d’un nom seulement connu des amateurs du genre, et personne n’en voulait parmi nos médias…

      C’est de ce genre de trucs que je parle ^^

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      1. Oui j’ai bien compris 😉 Et Rowling elle n’est bien que dans Hp xD Une place à prendre est pour moi une terrible erreur. Mais je me souviens qu’à la fac, citer Hp ( que tu lis ) contrairement à des autres célèbres que tu n’as pas lu mais qu’il faut citer, il y a une marge et je ne comprends pas ! Et Stephen King c’est le maître dans son genre, je ne comprends même pas qu’on lui sorte pas le tapis rouge quand il arrive. Je me vois encore regarder les livres dans la bibliothèque de mon père, c’est même plus à présenter !
        Les gens sont jaloux…x)

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  1. Nous sommes loin en effet de l’époque où la littérature de l’imaginaire était reléguée à de la « paralittérature ». Depuis une trentaine d’années, la question ne se pose plus que par provocation ou snobisme déplacé, lorsque les premières thèses et sujet de recherche ont abouti dans le milieu universitaire français. Nous avons surtout payé une fâcheuse opposition entre la littérature académique et la littérature populaire, profane, alimentée par un réel mépris intellectuel pour la « culture populaire ». Alors que la science-fiction américaine arrivait en France, les mêmes qui la méprisaient se dressaient contre l’arrivée du livre de poche. Nous devons cette animosité à ce même milieu et son approche « réactionnaire » de la littérature. La question ne se pose plus vraiment désormais, nous assisterions même à un engouement de la littérature généraliste ou de salon parisien pour l’anticipation, le post-apocalyptique, et le fantastique. Au grand regret de certains « puristes » du … fandom SFFF !

    Les temps changent, aujourd’hui comme demain.

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